Chers frères et sœurs,

Ce dimanche, Saint Paul écrit dans sa première lettre aux Corinthiens au chapitre 7 : « J’aimerais vous voir libres de tout souci… afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage. ». Comme nous voudrions pouvoir être dans cette situation béatifique qui sera notre état dans l’Éternité ! Pour l’heure chacun fait face à ses contraintes et à ses devoirs d’état pour vivre en ce monde où nous avons été envoyés et plantés. Mais alors, comment ne pas laisser les soucis nous assaillir, nous angoisser même, face à tout ce qui nous arrive dans nos vies familiales, professionnelles et dans tout ce qui fait notre quotidien ?

Cette semaine les revendications du monde agricole et de la pêche m’ont interpellé. Comment ne pas être solidaires des demandes existentielles et tellement évidentes de ceux et celles qui nous nourrissent et entretiennent jour après jours nos campagnes, sans rencontrer beaucoup de reconnaissance tant au niveau de la société qu’au niveau de la rémunération de leur travail. La situation est tellement effroyable depuis des années qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours (souvenons-nous de toutes ces croix déposées sur le parvis de la Basilique de Sainte Anne d’Auray en mémoire silencieuse). Un paysan, comme il aime à se faire appeler, disait : « On est prêt à dépenser 70 euros pour une place de spectacle ou avoir tous les abonnements possibles pour téléphoner et pour regarder des films, mais payer le lait ou son alimentation au juste prix c’est plus compliqué… » et là, un autre souci intervient : comment gérer son budget familial ? Comme le dit le pape François dans Laudato Si, « Tout est lié ». 

Alors comment agir autour de nous pour soutenir ceux et celles qui nous nourrissent ? Sans doute y a-t-il un engagement social à mettre en place individuellement et collectivement. De nombreuses initiatives existent. Relevons-le défi, car chaque geste devient un engagement militant pour la planète et l’effet papillon provoquera une œuvre de miséricorde pour ce monde de la terre et de la mer.

Dans les Évangiles, les paraboles de Jésus sont souvent des images de la ruralité d’il y a 2000 ans, mais aujourd’hui, comme disciples du Seigneur, écrivons nos paraboles en actes et en vérité. Le mystère de l’Incarnation de notre foi se trouve aussi dans nos engagements de société pour nous nourrir et pour notre planète. 

Cette semaine, que notre prière soit pour ce monde de la terre et de la mer qui ne peut s’arrêter, car il fait fructifier le vivant, pour nous faire vivre tout simplement. Une façon concrète de nous attacher au Christ.

Soyez bénis,

Père Nicolas Guillou +

Le mot du curé – 28 janvier 2024