Dans l’évangile de ce jour nous sommes édifiés par la foi de cette pauvre veuve qui met de son  “indigence”  pour rendre grâce à Dieu, tellement présent dans sa vie. Cette femme passe comme inaperçue en raison de l’  “endurcissement du cœur” des plus riches et de leurs excès qui les détournent du sens de la vraie vie et de Dieu. En fait ils ont perdu l’espérance pour une vie d’espoir du toujours plus, bref une anticipation au libéralisme libertaire de notre société contemporaine, perdue elle aussi dans les méandres du transhumanisme désirant une vie immortelle sans vision de l’éternité. 

     C’est ainsi que le 1er novembre, alors que je me recueillais avec ma famille sur la tombe de mon papa, j’aperçois au loin une colonne d’une centaine de personnes suivant une dame, tout de blanc vêtue, telle une mariée, allant de tombe en tombe. Et je découvre que c’était un spectacle pour occuper les visiteurs de la Toussaint. Telle ne fut pas ma surprise de voir une activité “occupationnelle” le jour où l’on vient visiter nos morts. N’est-ce pas suffisant que de venir se recueillir paisiblement et familialement pour faire mémoire de nos défunts ? Pourquoi faire du bruit dans ce lieu de silence et de repos éternel ? Nos ancêtres doivent se “retourner dans leurs tombes”  non ?

     Oui c’est pauvre de se recueillir sur une tombe, oui c’est pauvre que de pleurer et assumer nos deuils, oui c’est pauvre que regarder ces blocs de marbre froid. Mais, notre richesse n’est-elle pas dans cette humilité que de faire honneur à ceux et celles qui ont quitté la scène de la vie dans un silence empli d’une présence absente ? Notre vie n’est pas du théâtre, elle ne s’arrête pas avec le rideau baissé et des applaudissements d’un clap final. 

     Notre vie nous invite à vivre humblement avec une joie incroyable de connaître l’amour du Bon Dieu qui un jour nous accueillera dans son paradis. En attendant, point de théâtre, mais un engagement simple et humble à poursuivre, là où nous sommes, une vie selon la volonté du Seigneur et les dons qu’il nous a donnés pour les faire fructifier pour le bien de tous. Donner de son “indigence”, comme le dit l’évangile, c’est oser la liberté d’aimer comme l’a écrit Saint Thérèse de l’enfant Jésus “Aimer c’est tout donner et se donner soi même.”

                         Belle semaine.

Votre curé, Père Nicolas GUILLOU +

Le mot du curé – 5 novembre 2021