Le sang a encore coulé sur la Terre Sainte. Quelle sidération pour ces Israéliens : enfants, femmes, jeunes, assassinés de façon barbare. Que leur mémoire soit honorée et que nous sachions offrir notre soutien fraternel à la communauté juive. Ce drame nous ramène au Bataclan ou au Père Hamel, qui, juste avant son dernier soupir repoussa l’assaillant du pied avec cette phrase « Va-t’en Satan. ». 

Il y a 3 mois, lors de mon dernier passage en Israël et en Palestine, avec les pèlerins, toutes les personnes bien informées de la réalité du terrain craignaient une 3ème intifada. Comment aurions-nous pu imaginer une telle horreur à venir, face à la douceur des collines de Galilée, à la beauté du Néguev et à la « Céleste » Jérusalem. Nous avions été saisis par la fraternité universelle dont nous parle saint Charles de Foucauld au travers de la rencontre d’Israéliens et de Palestiniens qui nous offraient généreusement une hospitalité à l’orientale, hospitalité au cœur de la Torah, du Coran et de la Bible. 

Bien sûr, depuis tant d’années, la situation géopolitique est incertaine et responsable de nombreux conflits et attentats. Les territoires palestiniens ne sont plus qu’un archipel d’îlots, Bethléem est entouré d’un mur de 7 m de haut, la bande Gaza est une prison à ciel ouvert où 50% de la population a moins de 20 ans et Jérusalem vit dans un équilibre bien fragile. 

Dans la douceur de la vie du Proche Orient, avec ses odeurs d’épices et d’encens, le pèlerin ne peut qu’entrevoir toute la crise politique qui couve sous l’égide des nations qui laissent faire, tout en subventionnant les deux partis pour un statu quo qui ne veut plus durer. 

Face à cette situation terrible, les mots sont peu de chose et la morsure est sévère entre les deux partis. Tout s’enflamme face à l’horreur de l’agression et de tous ces morts dont la vie fut cruellement arrêtée par des fanatiques ouvrant la porte à une nouvelle guerre fratricide qui va encore répandre la mort et la désolation chez tant de familles qui ne demandent qu’à vivre et aimer en paix. 

Hélas, notre monde est encore capable aujourd’hui de cette noirceur, espérant dans un bras de fer qui souvent est joué par d’autres nations. La nuit tombe sur les espoirs de paix, mais les chrétiens, toute petite communauté en cette terre en guerre, tiennent bon et ne trouvent plus que le chemin de la prière et de la supplication, ce qui fait écrire au tout nouveau cardinal de Jérusalem : « Retrouvons-nous tous, malgré tout, dans une prière commune pour remettre à Dieu le Père notre soif de paix, de justice et de réconciliation. »

Nous aussi prions « Car Dieu, n’est pas un Dieu de désordre mais de Paix » (1Co14,33), et souvenons-nous du Discours sur la montagne où Jésus proclame, encore pour nous aujourd’hui ,« Heureux les artisans de Paix car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,3-12).

Alors ne nous laissons pas voler notre espérance et prions avec ferveur et confiance.



Soyez bénis  
Père Nicolas Guillou+

Le mot du curé – 15 octobre 2023