Ni à idéaliser, ni à stigmatiser : elle est belle la jeunesse des JMJ.

Je viens de participer aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne. Alors que je me souviens de mes premières JMJ en 1989 à St Jacques de Compostelle, à chaque fois c’est la même ambiance, la même couleur, la même joie fraternelle de ces jeunes venus du monde entier. 

Comment ne pas se réjouir de ce que la jeunesse peut apporter de meilleur en ce monde : « la révolution de l’amour » proclamait le Pape Benoit XVI. Alors que notre monde s’asphyxie dans un réchauffement climatique qui déplace et affame les populations du sud, que la guerre gronde aux portes de l’Europe, que internet fixe nos intelligences dans le dark-web et manipule nos consciences et nos libertés par des algorithmes qui nous font croire à des chemins de prospérité marketing, que la natalité est en chute en occident car les jeunes couples n’arrivent plus à se projeter dans l’espérance d’une vie à donner pour un monde à transformer, que l’on ne mesure pas encore les conséquences psychologiques de la pandémie sur la génération Z … bref :  ça fait du bien de voir une jeunesse mondiale qui souhaite une grande fraternité universelle qui éloigne la guerre et les abus en tous genres afin de redécouvrir une espérance pour un monde meilleur. 

Utopie diront certains, la foi au Christ, proclame le Pape François. Car cette jeunesse est là au nom de sa foi en la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et veut montrer au monde et aux générations passées comment croire en Jésus et découvrir combien Il nous aime et nous fait confiance. Cette jeunesse doit, peut permettre un avenir meilleur grâce à la force puissante de ses engagements pour un monde en devenir.

Si vous aviez flâné dans les rues de Lisbonne, vous auriez vu et senti l’enthousiasme de cette jeunesse catholique. Les drapeaux français volaient au vent et les bretons n’étaient pas en reste, à l’image des évènements régionaux. Cela ne fait pas d’eux, pour autant, des réactionnaires ou des indépendantistes mais des hommes et des femmes heureux de leurs racines et de leur appartenance à une culture, à un pays, à une Église. 

Notre jeunesse catholique de France est généreuse et engagée. Force est de constater la diversité de leurs attentes qui parfois désarçonne leurs aumôniers et accompagnateurs, voire même leurs propres amis ou parents. Certains veulent de la formation solide et intelligible, d’autres de la prière, et là attention, il y a ceux qui veulent des messes en latin et d’autre en « pop louange », il y a les adorateurs et les louangeurs, les habitués du chapelet et du dialogue contemplatif, et puis il y a ceux qui font comme ils peuvent, grappillant au gré des évènements tel ou tel moment spirituel qui souvent les ressource et leur donne un espace de paix comme ils disent. Bref difficile de réaliser un portrait-robot type du participant aux JMJ comme certains ont voulu le faire par confort intellectuel ou militantisme idéologique. Mais alors qui sont-ils ces jeunes catholiques de 2023 ?

Regardons du côté des engagements et prenons quelques photos, par une énumération à la Prévert :  Un scout d’Europe qui s’engage à installer des calvaires au coin des chemins et un scout de France qui participe à une sortie de personnes handicapées mentales, le « Pélé de Chartres » et ses 16 000 participants et ceux de Taizé avec 70 000 jeunes chaque année, passant dans ce lieu monastique œcuménique où l’on « va comme à une source » disait Saint Jean Paul II, les jeunes des banlieues de Fide qui affirment sans peur la foi catholique dans les quartiers et les jeunes des communautés charismatiques, capables de louer et d’évangéliser avec audace dans les rues et leurs lieux de vie, fidèles à Paray et « WelcometoParadise », les jeunes des aumôneries paroissiales de province au fin fond de nos régions et ceux des aumôneries des paroisses puissantes de la capitale, les jeunes du monde rural qui se « déchristianisent » si vite et ceux des métropoles qui ont l’impression que tout le monde est catholique bien qu’ayant comme point commun avec le monde rural le constat d’une sécularisation ultra rapide… etc. 

Soyons réaliste, ils sont bien différents et pourtant ils étaient tous unis aux JMJ et sont tous revenus reboostés par notre cher Pape François, notre grand-père de 86 ans.

Alors laissons les vivre et accompagnons-les de notre sagesse, de notre admiration et de notre amitié fraternelle. Cette jeunesse a besoin de nous pour assoir son audace et sa ferveur missionnaire, mais jamais nous ne devons les manipuler pour faire passer nos idées de « boomers ». Qui voudrait les récupérer pour asseoir des idéaux que ne sont pas les leurs ? Aimons-les, encourageons-les, soyons disponibles pour les guider à l’image du Christ et nous pourrons chacun de notre côté trouver la vraie joie de vivre ensemble, de combattre ensemble, d’annoncer ensemble, et ainsi de permettre à chacun de trouver le sens de sa vie et de vivre une forme de résilience pour toujours avancer dans la confiance et l’Espérance en accueillant cette conviction que si le Seigneur nous a planté dans ce monde ensemble c’est qu’il compte certainement sur chacun selon sa place et ses charismes et dons pour faire advenir le royaume de Dieu sur Terre. Et comme le disait le slogan du Secours Catholique, « à tous on peut tout ».

Certains seront identitaires d’autres plus protestataires mais, comme aux JMJ, autour d’une bière le monde se refera et gageons que les échanges vifs et engagés feront avancer les intelligences et l’action à venir de chacun comme amis du Christ.

Sachons vivre avec eux en amitié fraternelle, ce qui permettra à leur jeunesse et leur audace de s’exprimer comme nous avons pu et su le faire autrefois et ils sauront nous émerveiller et nous rassurer sur l’avenir de notre planète, de notre monde et sans doute aussi de notre Église.

Bref j’étais aux JMJ : Bravo et Merci les jeunes, et si nous nous mettions en hâte au travail de la mission ?

Fraternellement

Père Nicolas Guillou +

Le mot du curé – 3 septembre 2023